Astrid Ruff

Documents : Le théâtre n l'air- der LufTeater

 

C'est peu à peu que m' est venu l'amour du yiddish:

Bain linguistique français et allemand : ma mère parlait avec mes grands-parents l'allemand - langue de Heine, poète vénéré dont ils connaissaient des tirades entières, et non l'allemand - langue des ennemis.

Ça fait toute la différence.

L'allemand n'est pas ma langue maternelle, mais c'est la langue de ma mère...

Allemand coloré de mots yiddish : meshugge, isores, nakhes, lokshn...

Quelques incontournables de la chanson yiddish (oyfn pripetshik,la grine kusine ... ) chantés dans la voiture, entre la Vie en Rose et Röslein rot auront éveillé ma curiosité. Deuxième voix assurée par ma mère.

D'où curieusement cet accent français en allemand, allemand en yiddish...

Est-ce ainsi que l'on devient chanteuse ? D'emblée, curiosité pour les chansons de femmes, sur les femmes, par des femmes. Interrogations toujours légèrement amusées sur la maternité, la famille, les âges de la vie. Traitées à travers plusieurs spectacles, toujours en chansons.

Ce n'est que plus tard, au milieu de récitals de cabaret allemand, d'opérette Viennoise, de chansons des grands poètes français, que commencent à se glisser timidement ici une berceuse yiddish, là un chant du ghetto, là une grine kusine...

Alors, j'ai traversé le magma des sons enfouis, je l'ai débarrassé de son voile d'approximations, j'ai pénétré le coeur des mots : le yiddish et moi, nous nous sommes rencontrés.

C'est maintenant l'occasion d'un concert tout en yiddish, avec explications, et avec des mots criés, déclamés, chantés en français, pour que personne ne se sente exclu. Retour aux anciennes amours : un récital consacré à la femme (juive).

Et le plaisir des retrouvailles avec deux musiciens connaisseurs de la musique juive : Yves Weyh et Gautier Laurent.